Interview Rémy Julienne

Dans le journal du Midi-Libre du 01/07/13 :


C'est la personne qui a imaginé les cascades de Delon, Belmondo et bien d'autres. Son nom est au générique de 1400 films. Entretien avec Rémy Julienne, le casse-cou du cinéma français.

Vous êtes un habitué du festival. Pourquoi y revenez-vous chaque année ?
C'est comme si j'avais pris un abonnement. J'y trouve le soleil, l'amitié, les rencontres, les copains,… C'est l'euphorie totale ! Plus sérieusement, j'espère aussi faire plaisirs aux autres en présentant mes films et en échangeant sur mon expérience. J'apprécie particulièrement l'émulation qui règne ici autour des réalisateurs qui présentent leur court-métrage : c'est les professionnels de demain !

Georges Lautner, aussi présent sur le festival, tient une place importante dans votre carrière.
Nous sommes devenus de grands amis. C'est un réalisateur extraordinaire et humaniste avec qui j'ai appris tout ce que je sais du cinéma.

Vous êtes celui qui a imaginé les cascades de Belmondo, un acteur connu pour refuser toute forme de doublage sur les tournages. Avec le recul, est ce que vous lui referiez jouer les mêmes cascades ?
Rétrospectivement, je serais saisi d'une trouille comme ce n’est pas permis. Quand je considère avec le recul ce qu'on lui a fait faire, les risques qu'on lui a fait prendre, un accident aurait pu être une catastrophe. Belmondo était de toutes façons un type capable de faire trois tonneaux après avoir déclamé du Shakespeare ! C'est un élément humain à part, le seul à être capable de se lancer dans toutes ces cabrioles. Et surtout le seul capable de le faire compte tenu de son implication dans le financement des films.

Belmondo était-il un vrai cascadeur ?
Absolument ! Il a fait des cascades extraordinaires. Sa décontraction apparente n'excluait pas une concentration fabuleuse. Dans Joyeuses Pâques, il a eu la présence d'esprit de ne pas terminer une scène qui consistait à effectuer un bond de 25 m à 80 km/h pour atterrir sur le toit d'une autre voiture de gendarmerie. Jean-Paul a eu l'instinct d'éviter la catastrophe. Et quelques minutes après il réussissait son action.

Comment les effets spéciaux ont-ils impactés les cascades ?
A l'époque, les effets spéciaux masquaient des insuffisances techniques mais maintenant ils font parti du jeu. Mais pour que ce soit efficace ils faut que ça soit bien utilisé. Si le cinéma est l'art de l'illusion, faire croire quelque chose demande tout un art que seuls les grands comme Spielberg, Cameron ou Howard maîtrisent. L'abondance d'effets spéciaux discrédite un film.

Vous avez un projet avec Jean-Pierre Beltoise…
Oui, un parc à thème "Planète Lorraine" imaginé sur le modèle de celui que j'ai réalisé à Disney Land Paris. Il rassemblerait des studios, une école de conduite et une académie de pilotage. Pour ma part, je vais contribuer à la création d'un musée de véhicules de cinéma qui sera scénarisé : le visiteur pourra suivre toutes les étapes, du coup de fil du réalisateur qui commande des engins et des séquences d'actions spectaculaires jusqu'au tournage de la scène. Ce sera une manière de lever un coin du voile sur l'envers du décor. L'ouverture est prévue pour 2014.

Sacré Bebel!!